• Neige, I/1 (Silver/El.)

    Neige.

    Nouvelle écrite par Silvergroover

    Lecture : El.

    Suis vraiment toute chose de vous proposer ce projet là...

    C'est une histoire de Neige, c'est une histoire d'homme, un peu sauvage, beaucoup poétique et enivrante et magnifiquement écrite, j'en suis fan et j'espère qu'elle vous fera palpiter autant que moi.

    J'ai découpé la nouvelle en 5 parties et comme ça v'z'allez trépigner pour avoir la suite ;)

    Version écrite, et version audio chaque fois.

    J'te remercie Silver (grave, énoooorme) d'avoir écrit ce jet si beau, et de l'avoir confié à ma voix, qui bien évidemment a trébuché sur le Do Dièzzzzz mais normal hein? C'est comme les chromatrucz là, ça vénère des fois... :)

     

     

     

     

     

    Moi (1/2)

      

    Ils avaient annoncé de la neige pour la nuit et moi, j’attendais. 

    Assis en tailleur sur le sol, enroulé nu dans une couverture, je patientais. La fenêtre face à moi occupait toute mon attention et emplissait mon esprit d’un étrange mélange de curiosité et de calme. J’étais curieux de neige et l’attente me réconfortait. La frêle lueur du feu était propice à l’apaisement et la couverture qui m’entourait réchauffait mon corps pâle. Mon état d’esprit était tel que plus rien n’importait hormis les gros nuages blancs et leur contenu poudreux. Ce n’était pas beaucoup mais pour moi, c’était énorme.

    Pastorius aussi attendait. Bien sagement assis, le museau relevé, il semblait captivé par la contemplation du monde mystérieux derrière le rectangle de la fenêtre. Le ciel, blanc malgré la puissance de la nuit, capturait toute son attention. La  légère inquiétude que l’on pouvait déceler dans son regard n’altérait en rien le contentement qui s’y lisait. Lui aussi savait qu’il allait neiger. Les chiens sont des anciens loups

    Le faible crépitement lumineux issu de la cheminée baguenaudait à travers la pièce d’un pas feutré. Il était à la fois son, lumière et chaleur. Je n’avais besoin de rien de plus. Le hurlement du vent, dehors, en se mélangeant aux doux susurrements  du feu apportait au silence une touche de mystère. On aurait dit que lui aussi attendait quelque chose. Sans faire d’effort démesuré, j’aurais presque pu ressentir une troisième présence.

    A mes pieds, des livres éparpillés, négligemment. Au fond de la pièce, un piano orné d’une vielle partition. Le troisième do dièse était faux. Sur une étagère, le bouquet de fleurs maintenant flétri que Mathilde m’avait apporté, en même temps que les livres. Sur un mur, une photo jaunie représentant deux alpinistes du début du siècle. Dans un coin, le téléphone que j’avais rendu muet en  arrachant la prise. Une petite lampe éteinte, un fauteuil décati, la couverture de Pastorius, la cheminée, un bout de papier, moi.

    Ils avaient annoncé de la neige pour la nuit, et moi, j’attendais. En fait, cela faisait six mois que j’attendais.

    Six mois que tu es partie.

    Génaro passait quelques heures dans la semaine, pour faire un petit peu de ménage, couper du bois, (j’avais tout le temps froid) et cuisiner. Outre un réel talent pour les échecs et une force impressionnante pour son âge,  il était aussi bon bricoleur. Moi qui n’ai jamais été très habile de mes mains, il m’avait surpris une fois en débouchant l’évier avec un sac plastique en moins de temps qu’il ne m’en aurait fallu pour appeler un plombier. De plus, grâce au ciel, il n’était pas très bavard et se déplaçait silencieusement.  Mais peut-être était-ce moi qui devenais sourd ? A force de solitude et de silence, peut-être mon ouïe s’était-elle, tout comme moi, engourdi ?

    Je passais machinalement mes doigts entre les oreilles tombantes de Pastorius. Le vieux chien plissa les yeux de plaisir sans pour autant quitter du regard la fenêtre. Avec le temps, lui aussi avait appris à distinguer l’essentiel du superflu. Avec l’âge, il sentait de plus en plus mauvais et passait l’essentiel de son temps à dormir. Cela ne me gênait pas. Moi-même, je ne devais pas sentir si bon que ça. Sa compagnie m’était justement agréable grâce à ces traits que je reconnaissais être, à d’autres niveaux, également les miens. On se sent toujours mieux lorsqu’on est deux à pencher du même côté. Moi qui n’avais jamais aimé les chiens (et les animaux en général), je comprenais mieux à présent pourquoi on les qualifiait de « meilleurs amis de l’homme. » J’étais d’accord avec ça, en y incluant la condition de vivre soi-même comme une bête.


  • Commentaires

    1
    Vendredi 24 Octobre 2014 à 15:56

    J'ai d'abord écouté, même parfois j'ai laissé mes yeux fermés. Et c'était vachement beau. J'étais bien. 

    En plus ça vous gêne pas de me parler de crépitement de la cheminée, du vent tout ça, alors que moi je décède sous la chaleur "pas encore installée" de chez moi :) Et ben faut dire que ça m'a pas dérangé une seconde, parce qu'en fermant les yeux j'étais plus chez moi.

    Et quand ça s'est terminé, j'ai dit " Naaan déjà ? "

    T'as une plume que j'affectionne beaucoup Silver, et puis comme tu te fais rare sur JE, je savoure tes mots par ici, encore plus. 

    Et je me souviens de ce texte à deux plumes que vous aviez écrit pour un défi, y a un truc entre vous, une alchimie. Je parle des mots, bien sûr, de vos univers qu'on plein de portes communicantes. Du coup moi je suis aux anges, si y a d'autres parties qui arrivent. 

    Well done ElVer.

    2
    Vendredi 24 Octobre 2014 à 21:58

    'tain ça défonce *-* Une tuerie vot'truc, si si !! Raf t'as volé des mots que j'aurai pu mettre dans mon commentaire . .. mais ouais cool cool cool ! ! !! Encore  ! !!

    3
    silvergroover
    Samedi 25 Octobre 2014 à 13:11

    Ravi que ça vous plaise. Et puis cette voix....

    4
    Samedi 25 Octobre 2014 à 23:50

    rhooo j'sais pas quoi répondre là, suis trop contente en fait et toute émotionnée oops

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