• Ocean (Silvergroover)

    Une compo de Silver (merki !!! :))))))))))))

    T'ouvres juste les écoutilles et après si tu le sens, tu balances de la plumz d'encre, ou tes crayolas, on encore ta voix dessus ou c'que t'as envie d'autre...c'est libre, juste laisse-toi embarquer par la vague...

     

     

    - Jet 1 -

    Grains de sable - (Inspiré de la compo de Silvergroover) - Rafistoleuse

     

    Tu dors encore. T’as l’air de trouver ça hyper confortable, ce tapis de sable un peu humide. T’as les cheveux tout collés aux tempes et sur ton poignet gauche que tu viens de bouger je caresse la marque des coraux. Ça fait des creux rosés sur ta peau blanche, et c’est doux. Je suis allée à la station ce matin. La même qu’hier. Et ce gars-là, qui nous a servi nos chips, nos clopes et la bouteille de vin que tu t’es galéré à ouvrir parce que c’est toi l’homme. C’était le même que ce matin, à qui j’ai demandé deux pains au chocolat frais d’avant-hier et tout justes remis au four. Quand je l’ai vu, la mine fatiguée comme sa politesse, j’ai eu l’impression que j’avais gagné. Pourtant il était au même endroit, les mêmes fringues qu’hier, tout comme moi. Mais j’étais plus riche. Bien plus. Et ça se mesure à autre chose que les plis sous les yeux. Il lui manque, je sais pas, le sel. L’essence. Et pourtant je veux dire, son métier, quand même.

    Tu dors encore et je crève de te réveiller et que tu réalises que t’as dormi la bouche entrouverte, face contre sable. Tu vas grincer. Tu respires profondément comme si la plage c’était ton plumard. Je fais l’inventaire de ce qui t’entoure et c’est sublime, tu verras. Les bougies chauffe-plat ont pas servi, le vent s’est foutu de toi. Reste des chewing-gums parfum pomme-de-terre-huile-sel-sable au fond d’un paquet éventré. Et puis moi, qui essaie de te réveiller pas trop fort pour que tu crois que ça vient de toi. Et que je sente à nouveau, très vite, la musique de tes doigts.

     

    *

     

    Vas-y. J’comprends pas pourquoi t’hésites autant. Bordel, si c’est pas à trente ans que tu fais ça alors tu le feras jamais. Allez, c’est pas comme si tu connaissais pas, tu l’as au moins vu même si t’as pas testé. Nan, mais me dis pas que tu vas y aller comme ça ?! De quoi t’as peur, putain ? Les gens, là tout de suite, tu t’en fous, royalement. T’as juste à enlever quelques vêtements.

    Vas-y. Je te promets ça en vaut la peine. C’est vrai. C’est beau. C’est tumultueux. Mais une fois qu’on l’a vécu, on se sent régénéré. Si si. Comment je le sais ? J’suis pas con, j’ai lu ça dans les livres, je l’ai vu dans les films. Personne d’autre ne te voit. Il n’y a que moi, tu sais bien. Et toi et moi on n’est qu’une.

    Allez lance-toi.

    Tu vois ? L’eau, elle est super bonne ? Pourquoi on a attendu si longtemps ?

     

    *

     

    Toi. Eux. Moi. Nous. Emboîtés comme un genre de Tétris tout raplapla.  

     

    « - MERDE … Putain c’est qui le con qui me balance du sable dans la gueule…

    -          - Ta gueule…

    -      -   - Oui MA gueule…

    -          - Nan, LA FERME ! Tu vois pas qu’on essaie de décéder en paix…

    -          - Eh ! Qui sait qui a pissé sur mon sac ?

    -          - C’est la bouteille…

    -         -  Non c’est pas possible, on serait pas endormis sans les finir …

    -         -  Attends… je crois que c’est moi …

    -          - DEGUEULASSE ! »

     

    Dégoût général.

     

    «  - Hé… Pss… Tu te rappelles pas qu’on s’est baigné dans la nuit ? T’as gardé ton jean pour garder le contrôle…

    -       -   J’ai gardé le contrôle ?

    -         -  Un peu trop à mon goût… Desserre les cuisses !

    -         -  Quoi ?

    -          - DESSERRE LES CUISSES, L’ENTREJAMBE C’EST-CE QUI SECHE LE MOINS VITE ! »

     

    Hilarité générale.

     

    « - Tu viens on va marcher ?

    -          - Je sais pas trop, t’as prévu de me foutre la honte comme ça encore longtemps ?

    -          - Ah mais tu savais pas que c’était ça d’ai…

    -         - D’être quoi ?

    -         - Incontinent ! »

     

    Sourire. Gêne. Sourires.

    Toi. Moi. Eux. Nous. Un chaos d’absurdités et de merveilleux.

     

    ******************************************************************************************************

    - Jet 2-

    Grain de Soleil. (El.)

     

    - Un jour où t’étais loin, t’as dessiné une lettre dans le sable et après tu m’as envoyé la vidéo.

    - J’m’en souviens.

    T’es calme. Posé là sur cette plage, un galet entre les doigts et moi à tes côtés. Le soleil de fin d'après-midi d'Octobre pique nos rétines.

    - J’ai pas assez de toi en ce moment, on fait que de se croiser alors que j’veux qu’ça dure des heures et des siècles…mais toi tu t’en fous, la journée tu bosses tes gammes comme un bourrin et la nuit tu dors au lieu d’être avec moi…

    - C’est pour pas qu’à force d’en avoir de trop tu finisses par te lasser de moi.

    Ton sourire et le bruit de l'océan, ça fait comme des respirations. On a le sentiment d’un souffle éternel.

    - Suis sérieuse.

    - T’apprendras un jour que, ce que t’as, c’est juste ce qu’il te faut.

    - Arrête de parler comme un grand sage, je veux avoir plus de toi, plus de vie, plus de lui, plus d’eux, plus de tout…

    - C’est pas possible ma moche. La vie c’est pas comme ça.

    J’colle ma tête contre ton épaule endurcie par tous ces combats et ces entraînements que tu pratiques sans même me demander si ça m’emmerde pas que d’autres aussi cinglés que toi te foutent sur ta belle gueule.

    - Ils sont prudents, on est toujours prudent dans ce genre de sports.

    - Tu…t’as lu dans ma tête ou quoi là ??

    - Ouais, j’ai des supers pouvoirs…par contre, j’arrive pas à savoir si t’aimes bien le morceau qui passe là, maintenant dans tes tympans alors que t’es en train d’écrire ce moment de nous deux sur ton PC…

    - J’vais pas t’le dire mais…admettons que j’l’aime, qu’est-ce que ça peut foutre ?

    - Possible que ça m’file un peu la trique, j’sais pas faut voir…

    Tu allonges ton dos dans le sable froid de l’automne et j’bascule contre ton torse. D’manière, j’ai plus trop envie de faire autre chose que suivre ton mouvement à toi. Depuis toutes ces années, c’est ton mouvement qui me guide, qui me tient la tête hors de l’eau, les neurones en rêves, les doigts sur le clavier. 

    - Faut ranger un peu ta tête ma moche. Faut te fixer des objectifs, des trucs que tu peux atteindre et faut y aller. T’es capable.

    - J’suis en deuil, j’suis en dépression, j’suis affectivement pas stable, et c’est tous les jours des bombes nucléaires dans mon ventre.

    - J’suis là moi. Tu peux compter sur moi. Et étant donné que t’as décidé de pas t’aimer, j’vais m’arranger de l’faire pour deux.

    - J’ai pas décidé de pas m’aimer…j’y arrive pas c’est tout.

    - Ça viendra.

    Tu sors tes clopes de la poche arrière de ton jean. Tu joues un peu avec le paquet que tu fais tourner entre tes doigts, tu l’ouvres, tu sniffes un coup l’odeur du tabac, tu le refermes et il retrouve sa place privilégiée contre ta fesse gauche.

    - Tu tiens bon ? T’as pas repris ?

    - Possible…

    - T’es chiant à faire des mystères et à pas me répondre !

    - C’est un truc qui plaît aux meufs ça le mystère.

    - J’suis pas les meufs

    - Bien sur que si.

    J’entends les battements de ton cœur, et j’essaie d’me perdre les pieds dedans, de trébucher derrière tes paupières fermées. Au fond de toi j’connais le type qui se bat, qui s’accroche, qui reste droit, qui vanne l’air de rien, qu’est cap de retrouver mon sourire même quand j’l’ai foutu sous des tonnes de béton armé.

    Mais ça n'est pas tout toi. Tu gardes tes secrets. Et moi certains des miens. Personne ne sait jamais vraiment personne, c’est comme ça et l’océan n’y peut rien.

    - Toi tu veux toujours me convaincre que rien n’est impossible et me tirer vers le haut.. Pourquoi ?

    - Du tout, j’veux juste te convaincre de coucher avec moi…

    - T’as pas besoin de me convaincre là-dessus.

    - Cool, enlève tes fringues.

    Ça m’fait marrer, ça t’fait sourire et après j’décide de me ronger l’ongle du pouce pendant que toi, tu dévores de tes tympans l’horizon à la recherche de notes perdues dans le vent du large.

    - On l’a finie la bouteille ?

    - Ouais t’as tout bu ma moche tu sais pas te gérer…

    - Branleur putain !

    - J’en ai une autre si t’as envie.

    - Nan vas-y file moi la vide.

    Tu me la tends, je la prends, je sens le verre froid dans ma paume, et sous mes godasses le crissement du sable et des éclats de coquillages. J’les enlève et aussi, mon froc et mes chaussettes et tu m’regardes amusé avec tes yeux qui comme chaque fois qu’on est ensemble pétillent des bulles d’espoir et d’optimisme.

    - J’vois ta culotte (tu dis).

    - J’t’emmerde, viens, lève-toi.

    - Et faut que j’me dessape aussi ??

    - J’me les gèle grave moi comme ça, y a pas de raison que tu me prouves pas ton courage…

    - C’est toi la branleuse…

    On part main dans la main, comme des grands gamins, quasi culs nus, vers les premières vagues qui s’échouent sur la plage…ça glace nos orteils...puis nos mollets et presque nos cuisses, on est vraiment très forts! Nos joues et notre nez sont rougis. D’un coup j’me souviens que le carnet est resté dans la poche de mon futal, donc j’y retourne en courant et tu gueules au vent :

    - Hey me laisse pas là tout seul comme un con dans le froid j’ai la bite qui rétrécit !!

    Evidemment j’me marre en éclats. Tu l’sais qu’j’adore ce genre-là. J’reviens toute essoufflée avec la page que j’ai déchirée dans le carnet.

    - Han tu vas faire une bouteille à la mer ma moche ??

    - Vi r’garde, j’mets le p’tit papier en parchemin là, j’le coince dedans la bouteille, on referme et…tiens.

    Je te tends la bouteille S.O.S.

    - Nan vas-y toi c’est ton idée, et en plus je sais pas quelle connerie t’as mis à l’intérieur.

    - Une tof de ton cul banane !!

    - Classe la meuf…j’adore…bon en attendant de voir mon postérieur balance de toutes tes forces…

    - Compte vas-y…

    - Jusqu’à combien ?

    - Disons 3.

    - 1….2……3…… !!!!!!!!!!

    J’trouve que c’est beau. La musique en fond sonore, la respiration de l’océan, la tienne, nos culs qui se les gèlent, la poésie dans une bouteille, le soleil orangé/or de l’automne, notre histoire, et aussi celles des autres…qu’on s’invente, qu’on se raconte, qu’on se partage…

    On remonte en haut de la plage et on s’habille en vitesse, moitié congelés. Tu me serres contre toi, et j’cache mon nez dans ton pull trop laid.

    - T’as mis quoi sur le bout de papier ?

    - Un truc Fauve

    - Et sinon ?

    - « Tu peux changer si tu l’désires, t’ouvrir aux autres, te mettre à nu. Trompe toi, sois imprudent, tout n’est pas fragile, n’attend rien que de toi, parce que tu es sacré, parce que tu es en vie, parce que l’plus important n’est pas c’que tu es mais c’que tu as choisi d’être. »

    - Tu vénères les textes de ces mecs qui disent juste exactement la même chose que j’te répète depuis la nuit des temps…

    - T’es jaloux.

    - Non.

    - Alors imagine…

    - Quoi ?

    - Une magnifique sirène aux cheveux roses, tombe sur la bouteille…dedans y a un peu de toi et moi et aussi des fragments du monde…

    - Non, un marin…

    - Quoi un marin ?

    - Il trouve la bouteille, et il entend ta voix qu’il y a dedans, et qui raconte que la vie c’est un truc de sacré…

    - Et ?

    - Il peut alors redéfinir l’amour et l’univers tout entier...se branler et s'endormir peinard dans son hamac défoncé.

    C’est bien aussi quand tu fais le poète, parce que c’est comme pour le reste, tu le fais pas à moitié. J’me sens glisser contre toi, au calme, on tient encore debout, ébouriffés par le vent. J’entends ta voix qui me dit les belles choses que j’sais jamais me garder, parce que j’ai peur.

    - On peut tout se dire ?

    - Oui on peut.

    - Alors c’est pour ça qu’on va se taire ?

    - Oui voilà, c’est pour ça.

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 28 Octobre 2014 à 01:48

    Rha la la la la... je trouve ça sublime et je pourrais l'écouter pendant des heures en boucle... MERCI.

    En plus la guitare c'est un peu mon instrument de prédilection (à écouter, pas à jouer malheureusement...) 

    Et sinon y a un endroit où on peut écouter d'autres compos à toi ? 

    2
    silvergroover
    Mardi 28 Octobre 2014 à 19:03

    oui, raf, dans ma tête mais je ne te conseille pas d'y rentrer car il y a un tel bordel que tu ne retrouveras jamais la sortie:)

    j'essayerais de poster d'autres trucs selon l'inspiration et surtout suivant le peu de temps que j'ai.

    A vos plumes!

    3
    Mercredi 29 Octobre 2014 à 17:00

    Moi j'aime bien le bordel (je te jure, déjà t'as lu l'enseigne de là où on est là tout de suite ? ^^), même que dans ma tête c'est un sacré bazar aussi, je crois que ça se voit lit ^^'

    D'avance, je te le dis, je veux bien d'autres trucs, je passe commande (je me permets) mais t'as le temps (je te permets ^^)

    :)

    4
    Mercredi 29 Octobre 2014 à 22:38

    Silv, j'dis rien sur ton morceau, tu liras ça plus tard... glasses

    Raf...tes grains de sable, ces instants là que t'as volé je sais pas où, je sais pas à qui, mais que tu nous offres avec la simplicité, la générosité, la rondeur, et le "vivant" de tes mots...ça m'emmène loin et ...rien en fait...ou si...MERCI.

    5
    Mercredi 29 Octobre 2014 à 22:48

    En fait, Silver, elle m'a déjà dit, elle déteste ( pas crédible, moi ?)

     

    Je suis vraiment touchée El... Je te remercie...

    Ces instants je pense qu'ils volaient déjà, je les ai attrapé, d'une main comme ça :)

     Et Merci à Silver surtout, parce que j'écoute ça depuis je ne sais combien de fois ce soir, et ça fait du bien :) 

     

    Après je suis curieuse du moment de la journée où tu l'as enregistré (t'es pas obligé de répondre à mes questions pointues ou pas^^)

    6
    Vendredi 31 Octobre 2014 à 02:46

    Je crois que c'est ce que j'aime le plus dans ta plume, ce truc qui sonne comme la vraie vie, ce truc qui fait que j'accroche tes mots, direct, sans jamais passer par la phase "je rentre doucement dans l'histoire". 

    Après là tu nous offres un dialogue..C'est magnifique.. Il y a ce qu'ils se disent, et ce qu'ils devinent l'un de l'autre sans jamais dit à l'autre qu'il sait, et l'autre sait qu'il sait :)

    En fait y a une foule de petits détails que j'aime beaucoup: "Ton sourire et le bruit de l'océança fait comme des respirations." En j'ai ressenti ça aussi en écoutant.. et je me dis en fait j'ai vraiment pas assez fait de correspondance avec les bruits et les sensations de la compo de Silver... Par exemple les bruits de pas au début, j'ai pensé à la version longue de Blizzard, tu vois de quoi je parle ? Forcément tu vois :) Et du coup que t'en parles (de Fauve) forcément ça me parles :)

    Et puis... l'image de la bouteille à la mer, que je trouve très belle et surtout comment tu finis ce dialogue, c'est magistral.

    MERCI à toi. C'est un très beau cadeau que tu nous fais là !

    7
    silvergroover
    Vendredi 31 Octobre 2014 à 12:28

    Merci à vous deux d'avoir joué le jeu. j'aime ces mélanges de sons, de musiques, de mots et d'images, et surtout ce croisement de personnalités. A nous trois, on a réussi quelque chose d'impossible à réaliser seul. Et toute la beauté réside là.

    merci pour vos plumes:)

    8
    Dimanche 9 Novembre 2014 à 11:13

    j'avais pas encore pris le temps d'lire vot' double-jet sous mélodie et ben c'est très coolz, d'belles histoires qui s'répondent un peu en écho malgré la différence de ton . . .. heu ouais j'sais pas, j'aime beaucoup en tout cas ;) Merci 

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