• Pulsar. (El.)

    Pulsar. (El.)


    J’ai voulu écouter mon cœur. J’avais oublié de le faire durant toutes ces semaines, ces mois et ces années. Ou alors j’avais pas bien fait le truc. C’est pas important.

    La ville est grande immense. Et lorsque la nuit lui tombe dessus, elle se met à battre. Comme Ocean. C’est pour ça, j’ai monté le son encore.

    Je peux te sentir (dans la ville).

    Je marche.

    Je lève le nez sur les réverbères t’es là. Les enseignes sont nos veilleuses. Elles sont les auréoles sur nos cauchemars en griffures. Dans la ville, les lumières sont si fortes que le ciel de nuit ne parvient pas à briller d’étoiles. On dit pollution lumineuse. J’aime beaucoup mieux pulsar. Ça palpite au loin. Pareil que toi (je sais que t’es là, quelque part et tu palpites). Je marche un peu plus vite sur les pavés. Un groupe de jeunes mecs un peu bourrés se vannent sur un banc. Je devine qu’ils me disent des trucs mais c’est Hope qui s’éclate en vrac au travers de mes neurones. Et ils sont fous du manque et du deuil mes neurones, fous de tout ça.

    Je monte le son encore.

    Je souris quand même parce que je suppose qu’ils me branchent ces mecs, et je trouve ça cool d’être un peu moins vieille que je dois en avoir l’air. Un peu moins dépressive même peut-être. Un peu moins moche.

    Je veux écouter mon cœur. Je suis en silence, enroulée sur moi-même depuis des semaines, le nez dans mes bouquins et les pupilles accrochés aux mots noirs sur fond blanc. Ce soir je sors, je marche dans la nuit. Je sais parfaitement où la musique me mène. Je sais où tu es. Dans quel organe de moi tu es gravé, sur quelle face exactement.

    Je sais.

    Je t’imagine encore sous le ciel brûlant…Miroir du temps…tes yeux de l’eau…de l’or.

    Je marche et j’atterris sur la vieille place toute en pavés. Je suis sciée de découvrir les terrasses bondées une nuit d’Avril. Les gens vivent. Je marche. Et dans le vent,  j’entends encore ta voix, loin devant, je t’imagine encore.

    Tu es partout si je le décide, tu es partout si je le désire. Je t’éparpille dans tous mes décors. J’appelle les souvenirs, les odeurs, les rêves et je te saupoudre partout, aux quatre coins de la place toute en pavés. Je suis écrivain. Je décide d’écrire l’histoire. Je te rends vivant dans chaque phrase, là, contre moi et nos espoirs deviennent le scénario. Le fil se déroule et personne ne le coupe, il est incassable et nous allons ensemble, main dans la main.

    Je quitte la place et je sens le fleuve qui n’est plus si loin. Je traverse le pont. Je m’arrête au milieu et c’est immense grand. Tu es juste là. Tu es contre moi et tu m’indiques au loin tout ce que nous pourrions réaliser encore si…

    Mon phone vibre. Je réponds rapidement que j'arrive. Je ne peux pas expliquer que j'écoute mon coeur. Je dois répondre que j'arrive. Et je le fais. C'est un mensonge. Je ne vais arriver nulle part. Seulement j'écoute mon coeur (j'essaie).

     

    Mon cœur me dit d’aller m’asseoir un peu plus bas, un peu plus près du fleuve.

    Alors je descends. Je m’installe en tailleur, dos au mur. Et je t’appelle quand je veux, d’où je veux, je me souviens de tout. Je pose ma main bien à plat contre le sol. Pavé encore. C’est lisse, froid et rassurant aussi. Le fleuve est à mes pieds. Le fleuve c’est la vie. C’est nos contradictions, nos pudeurs, notre incapacité à dire les cicatrices de manière simple. A quoi servent les larmes ( ? ) puisque j’ai mon silence. La solitude absolue. L’innocence coupable.

    J’écoute mon cœur et il se tait l’enfoiré.

    Mon cul est gelé sur les pavés. La nuit se casse la gueule partout ici sur la rive et sous le pont illuminé. De l’autre côté je sais qu’il y a une île. Et tout est si fragile et tumultueux à la fois (en moi). Si je disparais là, dis-moi où je vais…dis-moi si je te retrouverais…putain où vont nos rêves ?

    Je me lève et je suis au bord du fleuve. Ça sent fort la vase. En Echos sur les rochers glissants j’entends encore ta voix en murmure. L’album est terminé. Il n’y a plus de son fort dans mon casque. Je l’enlève, il est autour de mon cou comme un collier.

    Le silence bruyant des songes de la nuit est partout.

    La ville est comme éteinte autour de moi, et le fleuve respire doucement maintenant.

    Je ferme les yeux.

    Tu es là.

    Tu effleures ma main et dans un souffle à mon oreille je t’entends dire Je suis là.

    Nous sommes des rêveurs éveillés.

    J’écoute mon putain de cœur qui saigne.

    A travers mon silence épais, mon armure de silence, ma muraille de silence je l’entends  encore ta voix qui murmure... I’m here.

     

    J’ouvre les yeux.

    Remets le casque.

    Relance le son.

    Plus fort.

     

    Au-delà de tout.

    Au-delà de tout.

    Au-delà de tout.

    Au-delà de tout.

    Au-delà de tout.

    Au-delà de tout.

    Au-delà de tout.

    Au-delà de tout.

    Au-delà de tout.

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 14 Avril 2015 à 16:09

    Tes mots, chaque fois, on se rapproche au plus près de la vie qui bat. 

     

    Merci.

    2
    Mardi 14 Avril 2015 à 22:53

    c'est pas trop moi, c'est que j'avais gobé le bon son (fin j'veux dire, celui qui bat quoi) :)

    3
    Mercredi 15 Avril 2015 à 14:29

    Bah si c'est quand même toi, partout dedans. 

     

    Et j'aime. Beaucoup.

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